Château Batailley

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Pauillac

Le cru Batailley appartenait au début du 19e siècle à l'amiral Jacques Bedout (1751-1818) ; il le tenait de sa seconde épouse Jeanne Pécholier, née Lafont. A sa mort, le 17 avril 1818, la propriété est vendue à l'armateur et négociant Daniel Guestier (1755-1847). En 1825, les bâtiments sont représentés sur le plan cadastral : la demeure est encadrée d'une aile en retour au nord, séparée, et d'une aile au sud, reliée ; deux autres constructions sont disposées parallèlement au sud. La route longe les élévations occidentales des bâtiments de dépendance. Une grande partie des bâtiments actuels datent sans doute de la fin du 18e siècle ou du début du 19e siècle. Daniel Guestier procède à des plantations de vigne pour atteindre une superficie de 40 hectares.

En 1866, les héritiers de Daniel Guestier vendent le domaine à Constant Halphen (1829-1895), homme d'affaires et membre d'une grande famille de joaillers. Ce dernier engage des travaux, "une série de restaurations et d'embellissements compris avec infiniment d’intelligence et de bon goût (propos rapportés dans les Vignobles du Bordelais). Si l'on se fie à un dessin exécuté par Stahl au milieu du 19e siècle, alors que "M. Guestier" est mentionné comme propriétaire, on peut mesurer les transformations apportées par Constant Halphen. La demeure est reconnaissable avec ses trois baies en plein-cintre de la travée centrale, à l'étage ; en revanche, une balustrade d'attique couronne l'ensemble avec un niveau supplémentaire, formant belvédère ; les toitures des pavillons ont également été modifiées. C'est certainement Constant Halphen qui donne, dès son acquisition, une nouvelle silhouette à la demeure, avec toitures d'ardoise à croupes et lucarne centrale, visibles sur la photographie publiée dans l'ouvrage de Danflou en 1868. On observe également que le balcon de la façade sur jardin a été ajouté postérieurement et que la terrasse à balustrade n'existait pas, seul un escalier droit en pierre donnant accès aux salons du rez-de-chaussée surélevé.

Un plan des dépendances, daté 1868 et signé de l'architecte Edouard Bonnore, indique un probable projet de modification de ces espaces. Est-ce à cet architecte que l'on doit les modifications de la demeure ?

Les jardins auraient été dessinés par Jean-Pierre Barillet-Deschamps (1824-1873) à la demande de Constant Halphen.

En 1870, la propriété est en partie amputée par le tracé de la voie ferrée ; une maison de garde-barrière est construite à l’extrémité nord du parc, sur la parcelle F 286, par la Compagnie de Chemin de Fer du Médoc.

En 1876, c'est l'architecte Ernest Minvielle qui est sollicité pour des "maisons de colons" : le projet représenté correspond probablement au bâtiment situé au sud-ouest des dépendances.

Deux des ailes de bâtiments de dépendance sont reliées par une halle couverte dotée d'une charpente en bois avec tirants métalliques. Cette charpente proviendrait de l'Exposition universelle de Paris de 1889.

Un atlas du domaine, réalisé pour la famille Halphen en 1900, fournit des plans précis de l'ensemble des bâtiments sans toutefois indiquer leurs fonctions. L'intérieur du château a été en partie redécoré au 20e siècle : la distribution du corps principal est toutefois conservée, avec un hall d'entrée donnant accès à une bibliothèque et à l'escalier desservant l'étage, ainsi qu'à un couloir traversant desservant les différents salons donnant sur le jardin. Ceux-ci conservent des lambris de style néo-grec ainsi que des boiseries de la 2e moitié du 19e siècle.

Au début du 20e siècle, la propriété est dirigée par son fils Edmond, ingénieur des Arts et Manufactures, conseiller général de la Gironde. En 1932, le domaine est acquis par la société Borie Frères (Marcel et Francis) ; à la suite d'un partage en 1942, Marcel Borie en devient l'unique propriétaire ; son gendre Emile Castéja prend la suite et le château est toujours détenu par cette famille.

Périodes

Principale : 4e quart 18e siècle

Principale : 3e quart 19e siècle

Auteurs Auteur : Minvielle Ernest, architecte (attribution par source)
Auteur : Barillet-Deschamps Jean-Pierre, paysagiste (attribution par source)
Auteur : Bonnore Jean-Édouard

FERET Edouard, Statistique générale de la Gironde, Personnalités et notables girondins. De l’Antiquité à la fin du XIXe siècle, Bordeaux, 1889, p. 82 :

BONNORE (Jean-Edouard)

Architecte, né à Lesparre (Gir.) le 19 octobre 1820. Élève de Jules Bouchet à Paris, sous le patronage de Visconti, archit. Fixé à Lesparre en 1852, architecte de l’arrondissement et de la ville de Lesparre, du lazaret de Trompeloup ; a été membre correspondant de la commission des monuments historiques de la Gironde. A fait édifier ou restaurer dans les arrondissements de Lesparre, de Blaye et de Libourne 24 églises dont 18 neuves ; ce sont celles de Lesparre, Carcans, Vendays, St-Vivien (les nefs, l’abside et le clocher, monument historique de 1re classe, vient d’être reconstruite, sous la direction de M. Bonnore, aux frais de l’Etat) ; Verdon, Talais, Grayan, Naujac, Ordonnac, Potensac, St-Girons, Pugnac, Saugon, Donnezac, St-Androny, St-Caprais, Néac, St-Christoly-de-Médoc (façade principale, monument historique). Nous pourrions énumérer plus de vingt mairies, écoles ou presbytères et un grand nombre de maisons bourgeoises ou châteaux parmi lesquels nous citerons : le château de Sipian, à Valeyrac (V. son dessin, tome II, p. 511) ; château du Port, à M. Eycart de Morin, à St-Vivien ; château de P. Bert, à Talais ; château Troussas, à M. Ph. Brannens, à Valeyrac. Citons encore le portail du cimetière de St-Estèphe et les plans d’un nouveau lazaret projeté à Padarnac, etc. Auteur de : Quatre vues pittoresques de la vieille église de Soulac, avec notice descriptive et hist., Bx, s. d., in-f°, 2 pp. de texte et 4 lith.

, architecte (attribution par source)

La demeure à étage carré et les deux ailes de dépendance forment une cour en U. Les bâtiments de vinification sont situés dans de longs bâtiments disposés parallèlement aux ailes de dépendance au sud. La demeure est composée d'un corps de bâtiment central coiffé d'un toit à croupes en ardoise ouvert d'une lucarne centrale. La façade s'organise selon cinq travées, la travée centrale étant traitée en léger ressaut avec des chaînes d'angle en pierres de taille harpées. Elle se distingue également par la porte-fenêtre de l'étage à chambranle mouluré dotée d'un balcon. Une table décorative sculptée de grappes de raisin surmonte la porte-fenêtre. De part et d'autre, un rez-de-chaussée à surcroît percé de jours semi-circulaires fait le lien avec les pavillons d'angle. Côté jardin, on retrouve le même type d’ordonnancement même si la forme des baies est différente ; la travée centrale du corps principal est percée à l'étage d'une porte encadrée de deux fenêtres en plein-cintre et délimitée par des pilastres à chapiteaux toscans au rez-de-chaussée et ioniques à l'étage. Des pilastres identiques se situent aux angles de la façade. La lucarne est traitée comme celle de la façade principale. Les rez-de-chaussées de part et d'autre sont ouverts de fenêtres et de portes en plein-cintre et rejoignent les pavillons d'angle à étage carré ; ceux-ci présentent des ouvertures différentes : au nord, la façade est percée d'une porte en plein-cintre encadrée de deux fenêtres étroites. L'étage est doté d'une porte-fenêtre avec balcon. Les chaînages d'angle sont traités, au rez-de-chaussée, avec des pilastres et, à l'étage, avec des pierres de taille en bossage. Le pavillon sud présente un niveau d'entresol et des fenêtres rectangulaires. La cour du château est délimitée au nord par une aile de dépendances, à étage, abritant des écuries et des logements, aujourd'hui transformés, et par une aile au sud, en rez-de-chaussée, présentant une façade aveugle sur la cour du château : les ouvertures sont percées sur la façade sud donnant dans la cour des bâtiments de vinification. Elle abritait des logements d'ouvriers : les deux ailes sont couvertes de tuiles creuses. La cour des logements d'ouvriers est formée par l'aile sud de dépendance abritant les logements et l'actuel chai, qui servait également à l'origine de cuvier (cuves en bois). A l'intérieur, l'espace s'organise de part et d'autre d'une allée centrale délimitée par des colonnes en fonte soutenant les poutres maîtresses du plafond. Le sol présente une dénivellation naturelle vers l'est. Une autre cour est formée par ce chai et d'anciens chais et caveaux, ainsi que des écuries et des bergeries, aujourd'hui transformés en salles de réception et de dégustation. Les deux ailes formant cette cour sont reliées par une halle couverte dotée d'une charpente en bois avec tirants métalliques. Un nouveau bâtiment abritant le cuvier inox est venu s'accoler aux chais existants.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Revêtement : enduit

  3. Mise en oeuvre : moellon

  4. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. ardoise, tuile creuse
Étages

1 étage carré, en rez-de-chaussée, comble à surcroît

Élévations extérieures

élévation ordonnancée

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : toit en pavillon

  3. Partie de toit : croupe

Décors/Technique
  1. sculpture

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Pauillac

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Batailley

Cadastre: 2012 OD 283, 284, 1825 F2 279 à 284

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